Quelle que soit l’école à laquelle il appartient, un peintre recherche souvent son inspiration dans la nature. Selon sa sensibilité, il peut être davantage subjugué par les paysages qui témoignent de la force du vivant ou privilégier les détails d’une nature morte. Le photographe est soumis aux mêmes envies, et il arrive qu’un cliché ait le rendu d’un tableau. Celui-ci a été saisi au bord d’un ancien canal qui se désole de ne plus voir passer de bateaux. La scène est dépouillée, limitée à l’essentiel. Le sujet : une bergeronnette des ruisseaux s’impatiente de retrouver un partenaire pour la saison du renouveau. Un avant-plan : une simple branche d’arbre tombée dans l’eau par un jour de grand vent. Un décor en arrière-plan : de vagues reflets sur le cours de l’eau, comme des traces de pinceaux sur une peinture à l’huile. Paradoxalement, le tableau est plein de vie. La noblesse de l’oiseau se lit dans ses formes, ses couleurs et sa démarche. Chez lui, tout est grand. Il a une queue interminable; ses pattes sont démesurément longues, tout comme ses doigts et ses ongles… Calme et fierté se lisent dans la fraîcheur de cet instantané.
Baldersheim, le 25 janvier 2025
