Voici février, dans sa seconde décade. Le plus dur est passé, mais il faut tenir. Dans quelques semaines, des feuilles apparaîtront à nouveau aux arbres, une gourmandise dont on a presque oublié le goût. En attendant, il faut encore beaucoup courir pour trouver un peu d’herbe et prendre des risques en sortant à découvert. La terre est grasse et collante à nos sabots. Peu de nourriture et une fatigue accrue, c’est double peine. Les bois sont en pleine repousse, encore couverts de velours. Mais dans quelques semaines ils commenceront à se calcifier; la peau qui les recouvre desséchera et il faudra se frotter aux branches pour se débarrasser des lambeaux. Au début, les bois sont tout blancs. En choisissant les bons arbres ils prendront une belle couleur foncée. Le frottage a aussi du bon : il permet de laisser son odeur, sécrétée par les glandes frontales et marquer son territoire. Dissuader la concurrence de s’installer ici, c’est primordial. Contrairement aux idées reçues, la fin de l’hiver n’est pas de tout repos.
Ensisheim, le 15 février 2025
