Comme de nombreux congénères, l’épervier d’Europe est un survivant : longtemps chassé et empoisonné par les pesticides, il retrouve peu à peu sa place de prédateur dans les zones de transition entre deux écosystèmes. L’épervier a vraiment le prototype du chasseur. Les ailes courtes et elliptiques permettent un vol battu et très rapide ; la longue queue assure des changements de direction instantanés et à l’atterrissage, ses longues pattes déployées facilitent la capture de la proie dans les buissons. Le terme scientifique qui désigne l‘espèce, accipiter nisus, mérite d’être décortiqué. Le verbe latin accipitro signifie « déchiqueter » et dénote la violence de la prédation. Quant à l’adjectif nisus, il se rapporte à Nisos, roi légendaire de Corinthe qui arborait dans sa chevelure une mèche de cheveux flamboyants (comme la poitrine de l’épervier mâle) qui lui garantissait l’immortalité et la protection de sa ville. Trahi par sa propre fille, Scylla, qui lui a coupé la mèche pour livrer la ville à Minos, roi de Crète, Nisos s’est transformé en aigle des mers et s’est précipité sur elle pour la dépecer.
Baldersheim, le 4 février 2024
