Lorsqu’on se promène le long d’un plan d’eau, d’une rivière ou d’un canal, on croise souvent une plante qui dresse des tiges couvertes de fleurs pourpres à un mètre de hauteur. C’est la salicaire que les scientifiques appellent Lytrum salicaria, en référence à la couleur des fleurs : en grec, lythron désigne le sang versé sur les champs de batailles et souillé par la poussière. La salicaire est une plante étonnante qui fleurit très longtemps, du bas vers le haut. Les fleurs, légèrement fripées, peuvent être de trois types différents selon la position des étamines et la taille des grains de pollen, mais sur un même pied on ne rencontre jamais qu’une même sorte. Chaque plant peut produire plus de deux millions de graines, ce qui, conjugué aux vigoureuses ramifications rhizomateuses, explique son potentiel d’espèce invasive. Jadis, en période de famine, les feuilles de salicaire étaient consommées bouilles, comme des épinards. On utilisait également les fleurs, riches en tanins, comme pansement intestinal en cas de diarrhées. En observant de près les fleurs, on constate qu’elles sont rarement intactes, car elles sont très appréciées également d’une multitude d’insectes.
Hagenbach, le 25 août 2022
