Si le terme billebaude désigne communément une partie de chasse qui n’est pas organisée, on le retrouve également dans le jargon des photographes pour qualifier des prises de vues réalisées au hasard, au petit bonheur la chance. A l’inverse, certaines images n’existeraient pas s’il n’y avait pas au préalable un projet ou une quête qui met le photographe en recherche… Le paysage de cette fin de journée hivernale a été saisi au terme d’une longue exploration qui a commencé dans les livres avant de se poursuivre sur le terrain. Le Canal Vauban a été creusé entre octobre 1699 et le printemps 1700. Après la construction de Neuf-Brisach, il a été partiellement comblé, et ne figure plus sur les cartes que sous l’appellation « canal labouré ». Alors imaginez l’émotion du photographe lorsqu’il a retrouvé ce tronçon encore en eau. Certes les chemins de halage sont envahis par la végétation et on aurait du mal à tirer un bateau, mais l’histoire se lit dans ce paysage. Durant près de six mois, il grouillait de soldats mobilisés pour transporter des montagnes de pierres de taille et de chaux servant à l’édification de la place forte au bord du Rhin.
Oberhergheim, le 2 janvier 2020
