La tipule vient d’émerger de sa chrysalide: démesurément grande pour un diptère, avec de longues pattes encombrantes, elle est maladroite dans ses déplacements. Pour faciliter son équilibre durant le vol, la deuxième paire d’ailes a été transformée en balanciers. Pourtant elle n’a qu’une idée en tête : trouver un partenaire pour célébrer le jour de noce et perpétrer l’espèce. Le temps est compté : elle n’a qu’une quinzaine de jours à vivre. La nature ne l’a pas programmée pour faire bombance ; ses pièces buccales lui permettent juste de sucer quelques plantes qu’elle visite. Les oeufs sont pondus dans le sol, à hauteur des tiges des graminées. Ils éclosent 14 jours plus tard et les larves commencent à se nourrir de racines mais elles peuvent aussi consommer des feuilles. En été, les larves retrouvent le sol pour rentrer dans une phase de repos avant la pupaison qui est responsable de la synchronisation des éclosions. Les chrysalides remonteront à la surface à l’aide d’épines pointant vers l’arrière pour permettre l’émergence.
Le Rothmoos, le 1 mai 2024
