Toujours fleurie

Habituellement, fin octobre, les plantes ont déjà entrepris le démontage de leur étalage floral et se préparent à affronter le froid et l’humidité. Cette année, nous avons droit à une généreuse prolongation et certaines espèces redoublent de vigueur pour nous proposer une nouvelle séquence qui n’a rien à envier à l’explosion printanière. C’est le cas de cette molène lychnite qui regroupe au sommet de sa tige une multitude de fleurs blanches, légèrement teintées de jaune. Comment faut-il comprendre ce phénomène? La plante n’a-t-elle pas encore perçu le signal de l’écoulement du temps? Ou s’agit-il d’une espèce qui, dans l’ivresse du réchauffement climatique, enchaîne deux années de croissance sans pause hivernale? La forêt de poils qui recouvre toute la plante sera-t-elle assez dense pour la protéger du vent, de la pluie et du gel? Pour l’heure, les insectes y trouvent encore leur bonheur, mais il n’est pas sûr que les oiseaux qui raffolent des graines de molène disposeront dans quelques semaines de fruits suffisamment murs… Cette floraison tardive est aussi un savant subterfuge pour attirer le regard le l’homme affranchi de la nécessité de ramasser les feuilles desséchées pour en confectionner des mèches de lampes à l’huile. 

Rives du Rhin, le 30 octobre 2022