A première vue, cet oiseau semble assez disgracieux, avec un dos aplati, des ailes atrophiées et surtout une queue qui brille par son absence. On reconnaît bien la tourterelle turque au collier noir qui entoure son cou ; elle porte la même chevelure hirsute et son œil légèrement bridé nous renvoie l’image du volatile bien connu. Mais que lui est-il arrivé ? En cherchant bien, on relèvera un indice singulier : les pattes posées sur le toit de la mangeoire sont tournées vers nous, tout comme ses doigts qui semblent déformés par l’arthrose. Mais alors… la tourterelle ne nous tourne pas le dos ; elle nous fait bien face. Il est temps pour notre cerveau de reconstituer la scène. L’oiseau est capable de tourner sa tête quasiment à 180° pour guetter tout autour d’elle un éventuel danger. Cette rotation étant primordiale à sa survie, elle pratique l’exercice à longueur de journée. Ce que nous appréhendions comme le dos est en réalité le devant de la poitrine bien gonflée pour se protéger du froid. Et les ailes n’ont pas une proportion ridicule puisqu’elles se prolongent longuement vers l’arrière. Cette image à double sens nous incite à mieux observer une scène avant d’en tirer des conclusions hâtives.
Baldersheim le 19 janvier 2023
