Une récente observation avait permis d’énumérer les différences physiques entre mâle et femelle de harle bièvre. Aujourd’hui, c’est une troupe de sept individus, exclusivement de sexe masculin, qui pataugent sur l’ancien canal de dérivation. L’ambiance est sereine, ils avancent lentement, sans effort, en se laissant porter par le courant. À l’approche d’un promeneur, ils pressent un peu le pas en direction de la rive opposée, mais dès que le danger est écarté, ils réinvestissent le cours de l’eau dans toute sa largeur. C’est l’heure de la toilette. En voici un, complètement renversé sur le côté, qui dévoile son ventre blanc légèrement teinté de crème. Un autre immerge brièvement l’avant de son corps et discipline sa huppe noire aux reflets vert métallisé. Brusquement l’ambiance devient électrique. Pas de cri, mais le bruit sourd qui accompagne les grandes gerbes d’eau. Une maladresse d’un individu causée par une trop grande proximité ou la volonté délibérée d’affirmer une hiérarchie dans le groupe ? Toujours est-il que pendant un court moment, l’agitation gagne plusieurs individus et braque les projecteurs sur une arme redoutable : le long bec rouge, aux multiples dentelures, largement ouvert sur une gorge orange.
Baldersheim, le 28 janvier 2025
